Face aux enjeux environnementaux et sociétaux contemporains, l’impératif de repenser nos
modèles industriels devient crucial. Le biomimétisme, en s’inspirant des stratégies d’adaptation du
vivant élaborées au fil de millions d’années d’évolution, constitue une approche innovante et
systémique pour concevoir des solutions durables et résilientes.
Développé en tant que discipline scientifique et concept d’ingénierie, popularisé par Janine Benyus
en 1997 1 , le biomimétisme repose sur une analyse fonctionnelle des systèmes biologiques pour
transposer leurs principes à divers champs d’application de l’architecture à l’ingénierie en passant
par la chimie ou le design. L’encadrement normatif, via les normes ISO 18458:2015 et 18459:2015,
garantit une approche rigoureuse et prévient toute forme de “biomim washing”. Toutefois, la mise en
œuvre du biomimétisme soulève des défis interdisciplinaires : divergence des temporalités entre
recherche et industrie, complexité des transferts de connaissances et obstacles culturels entre
disciplines. Il est à noter que l’avènement de l’IA est une nouvelle clef pour embrasser ces défis.
1 Benyus, J. M. (2011). Biomimétisme : Quand la nature inspire des innovations durables.Rue de
l’échiquier.
Le biomimétisme n’est pas qu’un simple levier technique, il est également une source de rupture en design. Loin d’une démarche purement esthétique, le design biomimétique intègre des paramètres
fonctionnels, environnementaux et systémiques.
Il repose sur deux approches distinctes :
– Approche “solution-based” : observation d’une structure ou d’une fonction biologique préexistante puis application à une solution technologique.
– Approche “problem-driven” : définition d’un problème industriel ou sociétal et recherche d’analogies biologiques adaptées.
Dans ce contexte, le rôle du designer évolue vers une posture de médiateur entre disciplines
scientifiques et industries. L’exemple des travaux du CEEBIOS (Centre Européen d’Excellence en Biomimétisme de Senlis) illustre l’apport des designers dans la conception de solutions bio-inspirées
adaptées aux contraintes industrielles et environnementales.
Le LAB R+T développe une approche innovante du biomimétisme appliqué à l’architecture, en
optimisant formes, matériaux et flux. Cette démarche s’illustre notamment dans le Pôle
d’Excellence en Biomimétisme Marin de Biarritz, dont la conception s’inspire des éponges de verre
pour allier légèreté, résistance et efficacité énergétique, tout en explorant l’usage du matériau
terre.
© Rougerie + Tangram. Pôle d’excellence sur le biomimétisme marin. https://www.rougerie-
tangram.com/projet/pole-dexcellence-biomimetisme-marin/.
Porté par la chercheuse Claude Grison, BioInspir tire parti du pouvoir d’hyperaccumulation des
métaux lourds par certaines plantes pour assainir les sols pollués. Ce projet repose sur la capacité
de certaines espèces végétales à absorber les métaux lourds des effluents industriels. Les éléments
capturés sont récupérés et transformés en écocatalyseurs®, pour l’industrie pharmaceutique et
chimique.
© Thibaut Vergoz – CNRS Photo. BioInspir Claude Grison
https://bioinspir.com/
En rupture avec les moteurs à hélice traditionnels, FinX conçoit des propulseurs inspirés des
mouvements ondulatoires des nageoires de dauphins et autres animaux marins. Cette technologie
plus efficace et silencieuse limite l’impact sur les écosystèmes aquatiques dans une perspective de
mobilité maritime durable.
© FinX. Modèle Fin S. https://finxmotors.com/fin-s-3/
Au-delà d’une simple tendance, le biomimétisme redéfinit les paradigmes de l’innovation. En
favorisant des approches inspirées du vivant, il répond aux exigences d’une économie plus circulaire
et résiliente. Son avenir repose sur une meilleure intégration des compétences en biologie, en
design et en ingénierie pour déployer des solutions technologiques alignées sur les principes du
vivant.
Dernière modification de cette page : 24 mars 2025, 15:18
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