Hello, moi c’est Mathilde, je suis designer avec une préférence sur les sujets stratégiques et UX. Pour Le Laptop, j’ai eu l’envie de vous raconter comment j’ai décroché mon premier contrat avec une institution publique.
Tout d’abord, il te sera utile de savoir que je suis freelance depuis 16 ans et que par conséquent atteindre un “gros client” n’est pas chose aisée car la plupart du temps il faut passer par des sociétés de service, être référencé, tout un bazar auquel il est difficile de prétendre quand on travaille seul…
Pour que tu comprennes bien le contexte, ma seconde passion c’est parler ! Parler de mon métier me passionne. Et depuis des années je parle de mon métier sur les réseaux sociaux. J’ai découvert très tôt qu’ils pouvaient m’apporter du business quand j’ai la flemme d’aller faire du porte à porte ! C’est donc devenu un moyen de prospection à part entière combiné aux afterworks et autres événements professionnels.
Une histoire dingue ! Ça a commencé un 25 septembre 2021 (t’as vu je m’en souviens mieux qu’une date de mariage !). Suite à un commentaire que j’ai fait sur un post en rapport avec une interface, je reçois un message qui dit : “Je rebondis au commentaire sur les interfaces. Serait-il possible de réaliser un audit d’interfaces tactiles de pilotage de salles ?”
Obvious que c’est possible ! A partir de là, réactivité à été le maître mot ! Le 30 septembre j’avais une visio pour voir comment je pouvais aider avec mes compétences UX UI. Le 1er octobre, j’étais en visio avec le big boss, 15 minutes pour convaincre que je pouvais les aider et ainsi vendre ma prestation.
On peut dire que dans cette situation le fameux « Fake it until you make it » a été d’une grande aide ! Concrètement, j’ai dû proposer un audit sur un système que je n’avais vu qu’à distance. Je n’avais eu que la veille pour y réfléchir et je n’avais même pas pensé au budget.
Pour moi, l’objectif de l’appel était de parler du projet et ça me laissait le temps de donner un budget après si le prospect était emballé par ma proposition. Sauf qu’au bout de 5 minutes, on m’a demandé “Et combien ça va me coûter ça ?”, sur le coup, surprise, j’ai répondu du tac au tac “cher !”. Puis, sous les yeux des deux personnes en visio, j’ai sorti mon carnet et mon stylo et j’ai rapidement gribouillé des chiffres et j’ai donné un râteau (oui pour la fourchette c’était impossible, bien trop d’inconnues !).
Et puis voilà, c’est parti comme ça. J’ai fait mon offre, j’ai eu 10 jours pour prouver que mon travail pouvait améliorer le quotidien de tous les utilisateurs des bureaux dans 3 pays.
On ne peut pas dire que c’était une prestation full UX, mais une prestation qui met en avant plusieurs points afin d’isoler les insights sur lesquels travailler par la suite. J’appelle ce type de prestation un audit ou diagnostic UX/ergonomique. Alors pourquoi le mot UX tout de même ? Parce que le but de ce travail est d’arriver sur une prestation UX de type interviews pour analyser l’existant avec des utilisateurs. Voilà d’ailleurs ce que j’ai vendu :
Avant de se lancer dans le concret du travail, il est indispensable de monter en compétence sur les spécificités du métier et du secteur du client. Je dédie toujours une partie du travail à la découverte du métier et du contexte de la mission. C’est assez difficile d’ailleurs de savoir si on a suffisamment creusé au moment du chiffrage. Soit on va trop vite et on va découvrir des éléments pendant la mission et on risque d’avoir mal chiffré (sous-estimé), soit on creuse trop l’avant-vente et on commence à bosser gratos sur une presta.
C’est aussi le moment où je revois avec le client sa problématique afin de cadrer mon analyse au plus proche, sachant que je vais surement découvrir d’autres choses. Par exemple, la demande initiale était “ Je veux que les gens utilisent les tablettes dans les salles pour être autonomes ”. Pourquoi : “Pour que les techniciens puissent faire leur travail et non dépanner les users sur des manipulations simples que toute personne pourrait faire d’elles-mêmes”. Pourquoi ? “Pour éviter de payer les techniciens pour du SAV alors qu’ils ont des compétences ++”. Pourquoi ? “Parce qu’en attendant le matériel n’upgrade pas assez vite !” On peut aller assez loin comme ça, c’est pourquoi j’aime poser des tas de questions (et qu’il faut aussi faire attention à la pertinence de ces questions pour ne pas “fatiguer” son utilisateur !
Pour cette partie, je suis allée sur place échanger avec les utilisateurs. Pour faire ça, je prépare en amont une liste des questions que je souhaite poser, basées sur les échanges avec mon client. De là, je vais aussi faire remonter d’autres remarques ou problèmes rencontrés par les users que le client n’aurait pas vu. Ici aussi, j’ai une grille dans laquelle je note mes remarques et évidemment c’est la même pour chaque type/segment de users.
Pour faire cet audit j’utilise des heuristiques ou des grilles (Bastien et Scapin par exemple) ainsi que ma connaissance des interfaces pour faire mes analyses et recommandations. Pour la restitution, je vais travailler avec des captures d’écran sur lesquelles j’annote avec une légende les problèmes rencontrés (bloquant / ennuyant / non bloquant / bonne pratique…), je livre aussi une analyse complète par parcours (par exemple un parcours de création de compte).
Le livrable prend plusieurs formes, visuelle et rédactionnelle. Je mets mes captures d’écran, des tableaux et des descriptions et analyses plus poussées. Je prépare aussi un résumé de mes analyses avec des matrices, ce qui permet au client d’avoir une vision rapide et claire des leviers à actionner ainsi que leurs résultats.
Je travaille maintenant à la réalisation de mes recommandations avec la personne qui m’a contactée au départ. Et vous savez quoi ? La compatibilité professionnelle est au top, les conditions de travail sont optimales, on se challenge avec nos métiers, on se marre en bossant, le taf est tellement fluide que je peux faire mon raccord de vernis pendant les débriefs !
Qu’est-ce que tu peux retenir de ceci ? Voici mes quelques conseils pour t’accompagner dans ta prospection en tant que UX Designer.
En vrai, LinkedIn avant c’était so boring ! Mais en arrivant sur Nantes en 2018, je me rends compte que LinkedIn est une plateforme phare pour le business. Les réseaux sociaux sont un outil de prospection à part entière : poster, commenter, interagir et proposer du contenu est un bon moyen de se faire connaître.
J’ai toujours pris le parti d’être honnête que ce soit dans la vraie vie et sur les réseaux. Je n’ai jamais regretté d’être trop bavarde, trop franche, trop râleuse !
Parfois ça gonfle les gens, mais ça me sert aussi. Je pars du principe que si une personne n’aime pas ma vision des choses alors on ne pourra pas travailler dans de bonnes conditions. Je préfère donc qu’elle passe son chemin. C’est important quand on est freelance de pouvoir identifier les clients avec qui on aura des bonnes relations de travail sachant qu’on sera seul avec eux.
Sur un appel d’offre, un brief, une demande par email : appelle, écris, parle avec tes futurs clients même si tu as tous les détails. Établir un contact direct vaut des points et tu en apprendras plus que ce qui est dans les documents officiels.
Détailler son offre aussi est un point fort, souvent tes concurrents vont se débarrasser de la partie avant-vente, oui c’est chiant, c’est ingrat, mais c’est ton gagne pain !
Soigne ta vente, n’envoie par un devis sans le présenter, tu ne sais jamais ce que la personne a en tête ni les autres devis qu’elle a reçus et si tu veux être pertinent, tu dois savoir si les devis sont comparables. Si tu ne te vends pas en direct, c’est pas ton mail avec ton devis PDF qui va le faire pour toi. Les gens achètent certes un livrable mais ils achètent aussi une prestation et tu en fait intégralement partie. Ce qui reste c’est l’expérience qu’ils ont eue avec toi, ta façon de travailler.
On n’est jamais trop cher si on apporte de la valeur et qu’elle est reconnue par d’autres !
Dernière modification de cette page : 30 juillet 2024, 14:53
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