Aujourd’hui, la méthode du Design Sprint fait beaucoup parler d’elle, mais assez peu d’entreprises la pratiquent régulièrement, et 5 jours sont ressentis encore trop longs pour une entreprise. On est alors souvent tenté de découper le Sprint en petits workshops, de multiplier les étapes, d’écourter la durée du voyage, mais le risque est de passer à côté du point de vue remarquable hors des sentiers battus, que le Design Sprint nous permet de découvrir !
Il est vrai que mener un Design Sprint est éprouvant tandis que découper en ateliers semble plus confortable, alors pourquoi s’efforcer à faire un Design Sprint plutôt qu’un workshop ? En quoi est-ce différent ?
Si on peut adapter la durée du Design Sprint* voire le limiter à un jour, ses principes sont uniques, j’aimerais vous présenter quelques éléments de réflexion sur ce format très particulier.
Le Design Sprint agit comme un modèle d’efficacité pratique permettant à une équipe de produire ensemble des livrables avec des efforts limités apportant des enseignements de grande valeur pour la suite du projet.
L’association des méthodes courtes et contraintes vont permettre au groupe de se projeter plus vite dans la solution grâce aux enseignements. La qualité et la portée de la solution dépendra du cadre qu’on a mis en place en entrée et en sortie du Design Sprint. Il y a un avant et un après, c’est une trajectoire qu’accompagneront les Sprints de développement.
Comme John Maeda aime différencier les 3 types de design : design classique pour créer de la beauté, design thinking pour créer de la valeur, design computationnel pour créer de l’impact. Quand nous sprintons, nous faisons un peu de tout ça, mais avec une vision plus fractale : nous savons que la perfection n’est plus de ce monde et nous devons concevoir pour des millions d’utilisateurs intégrant des technologies se dépassant elles-même très vite. Nous devons rapidement comprendre toutes les dimensions d’un problème, pour le transformer en opportunités de services à grande échelle. Il n’y a pas qu’un point de vue.
En effet, on crée les conditions à travers le Design Sprint pour apprendre vite avec toutes les parties-prenantes et pour se projeter concrètement dans une solution, plus qu’un atelier de créativité, c’est un terreau pour cultiver les échecs. Le coût de l’erreur étant exorbitant en production, anticiper certains risques permet d’avoir confiance dans le cours des choses. L’analyse des tests est donc plus importante que la solution créée, et devrait être le livrable essentiel du Design Sprint.
Ces enseignements, ces éclairages, sont autant de révélations précieuses à conserver pour nos futures roadmaps dans l’optique de prioriser chaque investissement en conscience.
Quand on organise un Design Sprint, on crée les meilleures conditions à la génération d’enseignements. Pour nous, à Laptop, c’est quasiment un art combinatoire. Le contexte d’un Design Sprint est à chaque fois différent, ainsi il est important de maîtriser les facteurs du succès d’un Design Sprint pour éviter les résultats trop variables.*
Chaque Design Sprint va nous permettre de créer un éclairage unique sur une solution, d’identifier des patterns, des signaux faibles, des enseignements forts qu’il faudra vérifier, exploiter tout au long du projet. Il est essentiel d’itérer car à terme on devra couvrir l’ensemble de l’espace du problème. Plusieurs Design Sprints vont permettre de diminuer la surface du problème plus rapidement qu’une série d’ateliers.
Faire un Design Sprint, c’est appliquer une démarche centrée utilisateur au service de l’entreprise toute entière, à commencer par comprendre la Big Picture, articuler les enjeux du Business tout en satisfaisant les besoins utilisateurs. Aligner les équipes sur la qualité de l’experience client est un premier axe d’avancement.
Mais cette articulation Client/Business n’a de valeur que dans la priorisation par les équipes elles-mêmes, car il n’y a pas de bonne idée sans application concrète dans la vraie vie. Seules les équipes sont expertes et garantes de la bonne réalisation des idées testées. Pendant le Design Sprint, les activités de priorisation sont très régulières, imposent des temps de pause, des moments d’échanges constructifs de qualité avec les membres de l’équipe et décideurs, en posant ensemble pourquoi on fait les choses, pourquoi c’est important. Ces matrices de priorisation permettent d’aligner en permanence une stratégie d’entreprise.
Au-delà des fonctionnalités, le manager ne doit pas négliger en fin de Sprint de mettre en rapport l‘importance des fonctionnalités priorisées avec l’importance du problème que l’équipe essaie de résoudre pour ses clients, pour l’entreprise. Pourquoi l’équipe se lèverait-elle le matin pour résoudre ce problème ?
Donner du sens au travail est fondamental pour le succès des entreprises aujourd’hui car la zone de confort des salariés est diminuée dans ce contexte agile.
Le Design Sprint nous invite à sortir de notre zone de confort. Les principes de candeur radicale, de bienveillance, d’écoute sont souvent difficiles à respecter, les mythes culturels étant encore très présents dans les organisations françaises.
La vitesse d’exécution entraîne inévitablement des frictions et des tensions inhérentes au travail collaboratif.
Il faudra en permanence tordre le cou aux conceptions traditionnelles des participants qui se targuent d’avoir plus de pouvoir de décision, d’avoir la meilleure idée, d’avoir la bonne vision ou le plus de connaissance sur le sujet, et surtout de défendre la nécessité de produire un objet parfait avant d’être testé… Chacun doit être écouté, respecté, réintégré dans le groupe. Soit dit en passant, le Sprint Master doit plus que maîtriser les méthodes, il doit aimer l’Humain.
Faire converger en permanence l’équipe, créer du dialogue tout en leur faisant produire une solution de qualité que le groupe entier doit approuver, le Sprint Master doit maintenir l’engagement post-sprint, fixer la ligne d’horizon. Ce n’est que le début du travail !
Faire un Design Sprint est une véritable épreuve de force qui apprend aux équipes la capacité à découvrir de nouveaux territoires encore incertains, où personne n’y serait allé seul.
Rappelez-vous “Fail fast to succeed sooner” ! La priorité est de se tromper rapidement pour prendre de la hauteur à partir d’un véritable objet qu’on a fabriqué et testé ensemble.
Aujourd’hui, trois des enjeux forts pour les entreprises est de faire communiquer les métiers entre eux, recréer un rapport de confiance avec leurs clients et installer une éthique au sein de leurs produits, le Design Sprint permettrait-il d’apporter à l’échelle de l’entreprise une “definition of done” plus globale ?
Si vous souhaitez vivre un Design Sprint, proposez-nous votre problématique ou participez aux formations Design Sprint avec Pauline Thomas et Jules Leclerc.
Dernière modification de cette page : 04 juin 2024, 10:25
DESIGN EMOTIONNEL, SPRINT AGILE, FIGMA AVANCÉ, UI DESIGN